Assisse devant la télé je regardais l'écran comme hypnotisée par les images sans aucunes importances qui défilaient devant mes yeux insensibles. Je me sentais étouffée à chaque fois que son souvenir venait à me percuter de plein fouet. Je soupirais tout en repliant contre ma poitrine mes frêles genoux dans l'espoir de me protéger de moi même. Mes pensées n'étaient rien saines … Je me dégoûtais moi même de penser de la sorte d'un hôte. Rien que cette pensée avait le don de déferler en moi telle une vague dévastatrice. Je déglutinais en silence seule dans le noir. A la différence de la plupart des gens, la solitude ne faisait guère peur au contraire même elle était reposante voir même amicale avec ma personne. Bien sur trop de solitude tue la solitude comme tout en fin de compte. D'un geste las je me levais du canapé pour appuyer sur le petit bouton rouge qui plongea la pièce dans un noir lugubre. Depuis toute petite je détestais le noir et en grandissant ma peur ne s'était guère atténuée … Un léger sourire se dessina sur mes lèvres au souvenir de mon enfance. Je me revoyais dans les bras de Pandore alors que sa main caressait en douceur ma longue chevelure chevelure similaire à la sienne, son rire se mêlait au mien et rien que ce petit son à l'unisson me rendait légère et heureuse. Seulement cette époque était résolue et à présent je me retrouvais seule dans le noire qui me happait à chaque secondes. En me cognant sur tous les meubles qui se trouvèrent sur mon passage, j'arrivais avec peine dans ma chambre où je me laissais alors tomber sur mon lit sans aucun ménagement. Mon corps rebondit au ralenti durant quelques secondes avant de s'immobiliser. Encore habillée je soupirais tout en me contorsionnant pour enlever mon pantalon puis mon pull qui vola dans ma chambre pour atterrir par terre. En sous vêtement je restais allongée alors que ma main effleurée le drap de mon dessus de lit. Des frissons commencèrent à agiter chaque parcelle de mon corps tout en me forçant à me glisser sous mes draps. Cependant je ne trouvais le sommeil que quelques longues heures plus tard alors que de la sueur commençait à dégouliner sur mon front. Je passais du chaud au froid en quelques secondes à croire que je couvais quelque chose. Et quelques secondes après que je viennes à tomber dans les bras de Morphée, il apparaissait devant avec son sourire au coin que je trouvais merveilleux et terriblement craquant. Mais comme toujours dès que je faisais le premier pas dans sa direction son image se reculait de moi malgré mes cris et mes efforts pour le rejoindre. Je sortais alors de mon rêve, le souffle court, le cœur battant à tout rompre dans ma poitrine et dégoulinante de sueur. Je restais un long moment immobile dans mon lit pour reprendre mes esprits alors que je sentais les draps collaient contre ma peau avec cette désagréable sensation qui me fit grimacer. Rapidement je quittais mon lit pour prendre une douche en silence comme toujours..

L'eau dégoulina le long de mon corps alors qu'un léger gémissement de plaisir sortait de ma bouche entrouverte. Entourée de vapeur je laissais ma tête se coller contre le carrelage glacé de ma douche ce qui eut le don de me faire frémir en vain. Je reste là debout, inerte comme si mon âme m'avait quitté. Des larmes coulèrent sur mes joues sans même que j'en prenne conscience. J'étais bien trop absorbées par mes pensées pour faire attention aux réactions excessive de mon corps. Son âme était toujours là ! J'en étais persuadée et rien que ce petit espoir me permettait de mettre un pied devant l'autre quand le soleil venait à se lever. Il me manquait bien plus que je ne pouvais l'avouer pourtant à chaque fois qu'il venait à se mettre en avant dans mes songes j'étais partagée entre la joie et l'horreur. Il n'était plus l'homme que j'aimais pourtant je restais toujours aussi faible devant lui. Ma main se crispa sur le robinet sans pourtant faire l'effort de le tourner pour arrêter l'eau et la vapeur qu'elle entrainait. Je suffoquais peu à peu … je me laissais alors tomber contre la paroi pour recroqueviller mes jambes contre ma poitrine. Il était rare que vienne à me mettre dans un tel état mais mon rêve avait été de trop. J'avais craqué une fois de plus. Combien de temps passa avant que mon corps ne fasse l'effort de quitter cet endroit lugubre où je redevais la fille d'il y a 6 ans, détruite … Certes je l'étais toujours mais avec le temps j'avais appris à me voiler la face avec ingéniosité. Un léger sourire se dessina sur mon visage alors que j'enroulais une serviette autours de ma taille. Sans la moindre gêne je me faufilais sur mon balcon une clope à la bouche. Je devais me changer les idées et la fumée qui s'échappait de mes lèvres était la meilleure solution l'espace de quelques secondes. Je fixais mon attention sur les ronds de fumé dont je faisais l'effort de faire telle une gamine. Sans le moindre remord je balançais mon mégot par dessus le balcon peu importe ce qu'il allait rencontrer en bas et tant mieux si sa course allait se terminer sur une âme ! Je devais sortir pour ne pas penser à lui, à sa présence qui me manquait tant, pour avancer tout simplement. Un jean et le premier top qui me passa sous la main eut la chance de me vêtir alors qu'un trait de crayon noir et du mascara fut nécessaire pour cacher la misère. Je nouais avec négligence en demi queue ma longue chevelure blonde avant de quitter mon appartement en quête de … je ne le savais même pas, pathétique !

Dehors le temps était assez frais pour la saison mais cela m'importais peu. De toute façon le bar n'était pas très loin de mon taudis et vu mon état passé j'étais déjà malade ! Regardant brièvement autours de moi en marchant mon regard croisa ceux des pauvres petits minables qui essayaient tant bien que mal dans un monde où ils n'étaient plus les bienvenue. Les âmes ont toujours été un exemple pour les hommes, foutais ! Elles étaient au même rang que l'homme à propos du pouvoir. Ma gorge se serra alors je venais à me mordre la lèvre car mes pensées se tournèrent à nouveau vers lui. De rage j'accélérais le pas et le bar ne tarda pas à se faire apercevoir avec son enseigne passée. Mes pas résonnèrent dans la rue puis dans le bar alors que sans attendre je me dirigeais vers le comptoir avec décontraction. Prenant place je restais un long moment silencieuse tout en hésitant par quoi j'allais commencer. Ma bouche s'ouvrit alors …